Les cépages emblématiques passés au tamis du climat auvergnat
L’Auvergne, ce n’est pas un cépage mais une mosaïque, fruit des vicissitudes du climat et de l’opiniâtreté des femmes et hommes de vin. Certains arrivent à maturité au chausse-pied, d’autres prennent racine et mémoire du lieu. Quels visages prennent-ils sur cette terre haute et fraîche ?
Gamay d’Auvergne : de la violette à la griotte sous le vent du Nord
Cépage roi, cousin du Beaujolais mais bien distinct, le Gamay d’Auvergne est taillé pour l’altitude et la fraîcheur. Ici, il s’exprime rarement en fruits surmûris : cerise croquante, fleurs bleues, pointe de poivre. L’acidité naturelle, jamais exubérante, donne de la colonne vertébrale (pH oscille souvent autour de 3,2 à 3,3 selon les millésimes, selon les données du Comité Interprofessionnel des Vins d’Auvergne).
- Influence des nuits froides : préserve le fruit, retarde la maturité, limite l’alcool (rarement plus de 12,5° vol.)
- Appellation Côtes d’Auvergne Châteaugay, Boudes ou Madargue : chaque sous-zone garde l’empreinte de ses brises, de sa pente, et les notes classiques de graphite ou de réglisse naissent quand la pouzzolane affleure.
Un gamay d’Auvergne, c’est un vin qui chante l’été court et le feu de la terre, bien plus qu’un simple jus de raisin.
Pinot noir : défi ou réussite sur les terres hautes ?
Sur les versants les mieux exposés, le Pinot noir gagne en définition. Plus acide, plus anguleux que chez le voisin bourguignon. Au nez : ronce, myrtille, et une surprenante pointe mentholée lors des années froides. La plupart des domaines hésitent encore à s’en faire un fer de lance, mais certains – comme au Domaine Sauvat ou au Domaine Miolanne – sortent des cuvées au profil ciselé quand l’été a été généreux.
- Risques multiples : cuticules épaisses, difficultés à atteindre maturité parfaite une année sur trois (données Vignerons d’Auvergne).
- Résultat : vins clairs, tendus, bien moins puissants que sur des terroirs plus chauds, mais une pureté d’arômes qui fascine les amateurs de fraîcheur.
Chardonnay et Tressallier : la surprise des blancs volcaniques
Sur les sols basaltiques, le Chardonnay trouve un nouveau souffle : droiture, agrumes (zeste de citron, pamplemousse), fleurs blanches, pointe saline tirée des sous-sols volcaniques. Quand l’année est fraîche, la tension minérale domine ; lors des millésimes plus chauds comme 2018 ou 2022, les vins dévoilent une rondeur inattendue mais toujours sans lourdeur.
- Tressallier : cépage rare, unique à Saint-Pourçain, qui aime la fraîcheur locale, délivrant des arômes d’herbes sauvages et de pomme verte inimitables.
- Faible alcool : la plupart oscillent entre 11° et 12,5°, preuve d’une maturité jamais surfaite, trait caractéristique des blancs de montagne.