Quels événements historiques ont façonné l’identité des vins d’Auvergne ?

10/05/2025

Des origines antiques et le rôle des Romains

C’est avec l’arrivée des Romains que la vigne fait ses premiers pas sur les terroirs d’Auvergne. Les Romains, friands de vins, ont étendu la culture de la vigne dans toute la Gaule, et l’Auvergne ne fait pas exception. Le sol volcanique riche en minéraux de la région, combiné à une exposition favorable au soleil, se prête à merveille à cette culture. On estime que les premières vignes cultivées en Auvergne remontent autour du Ier siècle avant notre ère. C’était bien sûr à une échelle modeste, mais cette période a jeté les bases d’une tradition durable.

Ce sont aussi les Romains qui ont introduit certaines techniques de viticulture. Les cépages de l’époque, bien qu’ils aient évolué jusqu’à aujourd’hui, portaient déjà en eux le goût de leur terroir. Les vins issus des premières vignes auvergnates servaient principalement à alimenter les garnisons et les cités romaines locales, mais ils savaient déjà séduire par leur caractère unique. Il faut dire que produire un vin issu de sols volcaniques avait quelque chose d’exotique, même à cette époque !

Le Moyen Âge : l'âge d'or des terroirs auvergnats

L’Auvergne a connu une véritable explosion de la culture de la vigne au Moyen Âge. Pourquoi ? D’abord grâce à l’Église, qui jouait un rôle central dans la gestion des terres agricoles. Les moines, férus de viticulture, avaient tout intérêt à développer les vignobles pour leurs besoins liturgiques (le vin de messe, incontournable !) et aussi pour générer des revenus. Des abbayes comme celle de La Chaise-Dieu ou de Cluny ont largement contribué à structurer et organiser les vignobles de la région.

Ce sont également les grandes routes commerciales qui favorisent cet essor. L’Auvergne, située sur un axe stratégique, bénéficie de débouchés vers des régions comme le Berry ou la Bourgogne. Le vin auvergnat gagne en notoriété. Petit fait amusant : certaines traces écrites médiévales évoquent même des accords entre les seigneurs locaux et les marchands pour réguler le commerce du vin, preuve que l’activité viticole avait une importance économique croissante.

Les aléas de l’histoire : du déclin au XIXe siècle

Le destin des vins d’Auvergne prend une tournure plus sombre à partir du XVIIe siècle. Avec l’ouverture des routes maritimes et l’engouement pour le vin de Bordeaux ou des vins étrangers, l’Auvergne subit une concurrence féroce. Non seulement les volumes de production chutent, mais la qualité parfois inégale des vins ne parvient plus à rivaliser avec certains crus prestigieux d’autres régions françaises.

C’est au XIXe siècle que le coup de grâce est porté avec l’arrivée du phylloxéra. Ce puceron, en détruisant une grande partie des vignes françaises dès les années 1860, n’épargne pas l’Auvergne. En quelques années, les vignobles sont ravagés. Si certaines exploitations parviennent à replanter en utilisant des porte-greffes américains, beaucoup de terres ne retrouveront jamais leur vocation viticole. Ajoutez à cela l’exode rural, qui vide les campagnes de leurs forces vives, et l’Auvergne viticole semble condamnée.

Le XXe siècle : le réveil des volcans viticoles

Si le début du XXe siècle est synonyme de défis pour les vins d’Auvergne, la région n’a jamais perdu son identité viticole. Les années 1970 marquent un sursaut avec la montée en puissance d’un véritable mouvement de renaissance porté par des vignerons passionnés. Ces artisans du vin ont eu à cœur de faire revivre des cépages locaux comme le gamay d’Auvergne ou le pinot noir, tout en réintroduisant des méthodes de culture respectueuses de l’environnement et du terroir.

Parmi les figures marquantes, citons le rôle de certaines coopératives ou associations locales, qui ont joué un rôle clé dans la structuration de la filière. De grands efforts de communication, entièrement tournés vers l’identité volcanique des sols et leur impact sur le goût des vins, ont permis de repositionner l’Auvergne sur la carte des régions viticoles. La reconnaissance en Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) pour certaines productions, notamment l’AOC Côtes d’Auvergne, est la récompense d’un travail acharné.

Les vignes aujourd’hui : un regard tourné vers le futur

Il serait injuste de parler des événements du passé sans souligner à quel point l’histoire récente a transformé les vins d’Auvergne en une véritable pépite pour les amateurs d’authenticité. Aujourd’hui, la région compte environ 400 hectares de vignobles, bien loin de l’étendue qu’elle occupait au Moyen Âge (on parle de 40 000 hectares à son apogée !), mais chaque parcelle regorge de talent et de passion.

Des domaines emblématiques comme le Domaine Sauvat ou celui de Madon, entre autres, participent à l’expérimentation et à la réinterprétation des terroirs volcaniques. On voit également des jeunes vignerons s’installer, portés par une envie de valoriser un territoire encore méconnu, et les événements comme les fêtes du vin de Boudes ou du Vernet témoignent d’un bel engouement populaire.

Le goût d’un territoire qui raconte son histoire

Si les vignes d’Auvergne pouvaient parler, que nous raconteraient-elles ? Peut-être qu’elles évoqueraient les pas des moines qui planifiaient les vendanges, les cris des marchands sur les marchés médiévaux ou encore la terreur du phylloxéra… Mais ce que disent assurément leurs vins aujourd’hui, c’est qu’ils sont fiers de leur histoire. À chaque gorgée, on peut sentir un peu de cette résilience, de ce lien avec un territoire tumultueux, où les volcans endormis continuent de nourrir les racines des ceps et le cœur des hommes.

Alors, la prochaine fois que vous déboucherez une bouteille de vin d’Auvergne, rappelez-vous que vous tenez bien plus qu’une boisson entre vos mains : c’est l’écho d’une histoire millénaire que vous savourez, et ce n’est que le début de son renouveau.

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